Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ces sons signifient la mort ;
Hélas ! pourvu qu’ils ne nous annoncent pas aussi,
Au lieu du salut, et des secours promis,
Notre heure et notre fin dernière,
À nous qui ressemblons aux cygnes.
Avec leurs beaux cols blancs, hélas !
Et à celle qui est née des cygnes.
Malheur à nous, malheur à nous !
Tout autour de nous déjà
Est voilé de nuages ;
Nous ne pouvons nous voir l’une l’autre !
Qu’arrive-t-il donc ? Marchons-nous ?
Ou planons-nous seulement,
En frôlant le sol de nos pas ?
Ne vois-tu rien ? N’est-ce pas peut-être
Hermès qui plane devant nous ?
Son sceptre d’or ne luit-il pas,
Nous guidant, nous précipitant,
Vers le mélancolique séjour de l’Hadès,
Plein de formes insaisissables,
Et toujours vide, si fort qu’on le remplisse ?


Le théâtre change et représente l’intérieur de la cour d’un château du moyen âge.


LE CHŒUR.

Oui, tout d’un coup, le nuage s’assombrit, il perd son éclat grisâtre, et devient brun comme les murs. Des murailles s’opposent en effet au regard, et arrêtent sa liberté. Est-ce une cour ? est-ce une profonde fosse, affreuse dans tous les cas ? Hélas ! sœurs, nous sommes prises, prises comme jamais nous ne l’avons été.

LA CORYPHÉE.

Précipitée et frivole, véritable image de femme, qui dépend de chaque moment, jouet et caprice du temps, du bonheur et du malheur, ni l’une ni l’autre ne savez rien supporter avec calme ; toujours l’une contredit l’autre avec violence, et les autres se disputent à travers leurs paroles. Dans la joie comme dans la douleur, vous pleurez et vous riez du même ton. Maintenant taisez-vous ! et attendez en écoutant ce que la reine résoudra dans sa sublime sagesse, pour elle et pour nous.