Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/257

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Comme cela nous est arrivé souvent,
Depuis l’ignominieuse chute d’Ilion,
Et depuis que nous errons dans un labyrinthe d’existences
Pleines d’angoisse et de chagrin.
Des femmes exposées à l’amour des hommes
Ne font pas elles-mêmes de choix.
Mais elles les subissent ;
Et à des bergers aux cheveux d’or,
Peut-être comme à des faunes au poil rude,
Selon que l’occasion se présente,
Elles accordent un pareil droit
Sur leurs membres délicats et faibles. —
Plus près et plus près encore ils sont assis.
Appuyés déjà l’un contre l’autre,
L’épaule à l’épaule, le genou contre le genou,
Les mains dans les mains ; ils se bercent
Sur l’élévation sublime
Du trône aux splendides coussins.
La majesté ne se prive pas
De la secrète joie
De se manifester hautement
Devant les regards du peuple.


HÉLÈNE.

Je me sens si loin, et cependant si près. Et j’aime à me dire : « Me voilà, là. »

FAUST.

À peine je respire ; la parole me manque, ma bouche tremble ; c’est un rêve ; le jour et le lieu sont disparus.

HÉLÈNE.

Il me semble que j’ai trop vécu, et, cependant, je me sens si nouvelle ! identifiée avec toi ; si fidèle à toi, inconnu.

FAUST.

N’analyse pas la destinée la plus unique ; l’existence est un devoir, ne fût-ce que pour un instant.

PHORKYAS, entrant avec violence.


Épelez encore l’alphabet de l’amour,
Jouez-vous en creusant les choses amoureuses,
Continuez à aimer et à subtiliser par oisiveté ;