Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/281

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et nous nous trouvons seuls, épouvantés en sa présence… La porte grince, mais personne n’entre. (Avec terreur.) Y a-t-il quelqu’un ici ?

LE SOUCI.

La réponse est dans la demande.

FAUST.

Et qui es-tu donc ?

LE SOUCI.

Je suis là, voilà tout.

FAUST.

Éloigne-toi.

LE SOUCI.

Je suis où je dois être.

FAUST, d’abord en colère, puis s’apaisant peu à peu.

Alors, ne prononce aucune parole magique… Prends garde à toi !

LE SOUCI.


L’oreille ne m’entendant pas,
Je murmurerai dans le cœur ;
Sous diverses métamorphoses
J’exerce mon pouvoir effrayant ;
Sur le sentier ou sur la vague,
Éternel compagnon d’angoisse.
Toujours trouvé, jamais cherché,
Tantôt flatté, tantôt maudit !
N’as-tu jamais connu le Souci ?


FAUST.

Je n’ai fait que courir par le monde, saisissant aux cheveux tout plaisir, négligeant ce qui ne pouvait me suffire, et laissant aller ce qui m’échappait. Je n’ai fait qu’accomplir et désirer encore, et j’ai ainsi précipité ma vie dans une éternelle action. D’abord grand et puissant, à présent, je marche avec sagesse et circonspection. Le cercle de la terre m’est suffisamment connu. La vue sur l’autre monde nous est fermée. Qu’il est insensé, celui qui dirige ses regards soucieux de ce côté, et qui s’imagine être au-