Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/287

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ÉPILOGUE


Faust est mort, le pacte est accompli, le pari semble gagné. Dans une sorte d’épilogue, Méphistophélès, resté près du cadavre, appelle à son aide les sombres légions. L’âme, encore attachée au corps, va tomber comme un fruit mûr. Mais cette âme puissante a résisté jusqu’au dernier moment. Le son de la cloche mystique était arrivé jusqu’à son oreille. Une pensée divine l’avait remplie et enivrée à l’instant suprême. Aussi les anges arrivent près du corps en même temps que les démons. Les sombres cohortes lâchent pied sans résistance. L’Hosanna seul les met en déroute. Méphistophélès, sombre et railleur toujours, se dresse fièrement au milieu des armées célestes. Il fait valoir ses droits, il discute, il ergote comme un docteur sur la lettre du traité. Les anges lui répondent par des cantiques et développent devant lui toute la splendeur de leurs phalanges. Une pluie de roses tombe sur le sol. L’éther vibre de mélodies. Le diable lui-même se sent séduit par ce spectacle. Le doute de sa propre négation le saisit ; entraîné depuis si longtemps par l’âme sublime de Faust à travers les sphères infinies, parmi toutes les beautés de la création, dans le dédale du monde antique qu’il ignorait, et dont les fantômes de sages et de dieux se sont entretenus avec lui, le diable, fils des temps nouveaux, a perdu beaucoup de son orgueil et de sa haine ; toujours il proteste, comme on vient de voir plus haut ; mais la vérité se glisse malgré lui dans son esprit rebelle. Les chants célestes lui sont doux à entendre, le parfum des roses divines flatte son odorat. L’admirable beauté des anges le séduit même, et lui