Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/298

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comme Fauste s’est outrageusement abandonné à son misérable valet et obéissant, qui se disait être par le moyen de telles œuvres diaboliques, qui est tout ainsi que les Parthes faisaient, s’obligeant les uns aux autres ; il prit un couteau pointu, et se piqua une veine en la main gauche, et se dit un homme véritable. Il fut vu, en sa main ainsi piquée, un écrit comme d’un sang de mort, en ces mots latins : O homo, fuge ! qui est à dire : « Ô homme, fuis-t’en de là, et fais le bien. »

Puis le docteur Fauste reçoit son sang sur une tuile et y met des charbons tout chauds, et écrit comme s’ensuit ci-après.

« Jean Fauste, docteur, reçois de ma propre main manifestement pour une chose ratifiée, et ce en vertu de cet écrit, qu’après que je me suis mis à spéculer les éléments, et après les dons qui m’ont été distribués et départis de là-haut : lesquels n’ont point trouvé d’habitude dans mon entendement. Et de ce que je n’ai peut-être enseigné autrement des hommes, lors je me suis présentement adonné à un esprit qui s’appelle Méphistophélès, qui est valet du prince infernal en Orient, par paction entre lui et moi, qu’il m’adresserait et m’apprendrait, comme il m’était prédestiné, qui aussi réciproquement m’a promis de m’être sujet en toutes choses. Partant et à l’opposite, je lui ai promis et lui certifie que d’ici à vingt-quatre ans, de la date de ces présentes, vivant jusque-là complètement, comme il m’enseignera en son art et science, et en ses inventions me maintiendra, gouvernera, conduira, et me fera tout bien, avec toutes les choses nécessaires à mon âme, à ma chair, à mon sang et à ma santé, que je suis et serai sien à jamais. Partant, je renonce à tout ce qui est pour la vie du maître céleste et de tous les hommes, et que je sois en tout sien. Pour plus grande certitude, et plus grande confirmation, j’ai écrit la présente promesse de ma propre main, et l’ai sous-écrite de mon propre sang, que je me suis tiré expressément pour ce faire, de mon sens et de mon jugement, de ma pensée et volonté, et l’ai arrêté, scellé et testifié, etc. »