Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/313

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lussent aller avec lui, en un autre poêle, et qu’il avait là quelque chose à leur dire. Cela fut fait, et le docteur Fauste parla à eux de la sorte :

« Mes amis fidèles et du tout aimés du seigneur, la raison pourquoi je vous ai appelés est que je vous connais depuis longtemps, et que vous m’avez vu traiter de beaucoup d’expériments et incantations, lesquels toutefois ne sont provenus d’ailleurs que du diable, à laquelle volupté diabolique rien ne m’a attiré que les mauvaises compagnies qui m’ont circonvenu, et tellement que je me suis obligé au diable ; à savoir, au dedans de vingt-quatre ans, tant en corps qu’en âme. Maintenant, ces vingt-quatre ans-là sont à leur fin jusqu’à cette nuit proprement, et voici à présent, l’heure m’est présentée devant les yeux, que je serai emporté ; car le temps est achevé de sa course ; et il me doit enlever cette nuit, d’autant que je lui ai obligé mon corps et mon âme, si sûrement que c’est avec mon propre sang.

« Finalement, et pour conclusion, la prière amiable que je vous fais est que vous vouliez vous mettre au lit et dormir en repos ; et ne vous mettez pas en peine si vous entendez quelque bruit à la maison, ne vous levez point du lit, car il ne vous arrivera aucun mal ; et je vous prie, quand vous aurez trouvé mon corps, que vous le fassiez mettre en terre : car je meurs comme un bon chrétien, et comme un mauvais tout ensemble : comme un bon chrétien, d’autant que j’ai une vive repentance dans mon cœur, avec un grand regret et douleur ; je prie Dieu de me faire grâce, afin que mon âme puisse être délivrée. Je meurs aussi comme un mauvais chrétien, d’autant que je veux bien que le diable ait mon corps, que je lui laisse volontiers, et que seulement il me laisse avec mon âme en paix. Sur cela, je vous prie que vous vouliez vous mettre au lit, et je vous désire et souhaite la bonne nuit ; mais, à moi elle sera pénible, mauvaise et épouvantable. »

Le docteur Fauste fit cette déclaration avec une affection cordiale, avec laquelle il ne se montrait point autrement être affligé, ni étonné, ni abaissé de courage. Mais