Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/341

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tout resplendissant de l’éclat du vase divin qu’il portait, et m’invita gracieusement à y boire, et je me dis : « Cet enfant, avec sa boisson merveilleuse, ne peut être l’esprit malin.

— Bois, me dit-il, bois le désir d’une vie plus pure, et tu comprendras mes avis : ne reviens plus en ces lieux, tourmenté d’une fatale avidité, n’y creuse plus la terre dans une espérance coupable ; travaille le jour, réjouis-toi le soir ; passe les semaines dans l’activité, les fêtes dans la joie, et des changements magiques s’opéreront dans ton existence. »



CONSOLATION DANS LES LARMES


« Comment es-tu si triste au milieu de la commune joie ? On voit à tes yeux que sûrement tu as pleuré.

— Si j’ai pleuré, solitaire, c’est d’une douleur qui n’afflige que moi ; et les larmes que je verse sont si douces, qu’elles me soulagent le cœur.

— Viens ! de joyeux amis t’invitent, viens reposer sur notre sein, et, quelque objet que tu aies perdu, daigne nous confier ta perte.

— Parmi tout votre bruit, tout votre tumulte, vous ne pouvez comprendre ce qui fait mon tourment… Eh bien, non, je n’ai rien perdu, quel que soit ce qui me manque !

— Alors, relève-toi, jeune homme ! à ton âge, on a des forces et du courage pour acquérir.

— Oh ! non, je ne puis l’acquérir ! ce qui me manque est trop loin de moi… C’est quelque chose d’aussi élevé, d’aussi beau que les étoiles du ciel !

— Les étoiles, on ne peut pas les désirer ; on jouit de leur éclat, on les contemple avec ravissement, lorsque la nuit est claire.

— Oui, je contemple le ciel avec ravissement, pendant des