Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/388

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nuit sombre descend enfin sur les armées. « Frères, que Dieu nous protège !… Nous nous reverrons dans un autre monde ! »

De toutes parts le sang jaillit ; les vivants sont couchés avec les morts ; le pied glisse sur les cadavres… « Et toi aussi, Franz ! — Mes adieux à ma Charlotte, ami ! (La bataille s’anime de plus en plus.) — Je lui porterai… Oh ! camarade, vois-tu derrière nous pétiller la mitraille ?… Je lui porterai tes adieux. Repose ici !… Je cours là-bas où il pleut des balles. »

Le sort de la journée est encore douteux ; mais la nuit s’épaissit toujours… « Frères, que Dieu nous protège !… Nous nous reverrons dans un autre monde ! »

Écoutez ! les adjudants passent au galop… Les dragons s’élancent sur l’ennemi, et ses canons se taisent… « Victoire ! camarades ! la peur s’est emparée des lâches, et ils jettent leurs drapeaux ! »

La terrible bataille est enfin décidée : le jour triomphe aussi de la nuit ; tambours bruyants, fifres joyeux, célébrez tous notre victoire ! « Adieu, frères que nous laissons !… Nous nous reverrons dans un autre monde ! »




LA CAUTION


Méros cache un poignard sous son manteau, et se glisse chez Denys de Syracuse : les satellites l’arrêtent et le chargent de chaînes. « Qu’aurais-tu fait de ce poignard ? lui demande le prince en fureur. — J’aurais délivré la ville d’un tyran ! — Tu expieras ce désir sur la croix.

— Je suis prêt à mourir, et je ne demande point ma grâce ; mais daigne m’accorder une faveur : trois jours de délai pour unir ma sœur à son fiancé. Mon ami sera ma caution, et, si je manque à ma parole, tu pourras te venger sur lui. »

Le roi se mit à rire, et, après un instant de réflexion,