Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/431

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vieux Allemands te crie : « Peuple, réveille-toi ! » Les ruines de tes chaumières maudissent les ravisseurs ; le déshonneur de tes filles crie vengeance ; le meurtre de tes fils demande du sang.

Brise les socs, jette à terre le burin, laisse dormir la harpe, reposer la navette agile ; abandonne tes cours et tes portiques !… Que tes étendards se déploient, et que la liberté trouve son peuple sous les armes ; car il faut élever un autel en l’honneur de son glorieux avénement : les pierres en seront taillées avec le glaive, et ses fondements s’appuieront sur la cendre des braves.

Filles, que pleurez-vous ? Qu’avez-vous à gémir, femmes, pour qui le Seigneur n’a point fait les épées ? Quand nous nous jetons bravement dans les rangs ennemis, pleurez-vous de ne pouvoir goûter aussi la volupté des combats ? Mais Dieu, dont vous embrassez les autels, vous donne le pouvoir d’adoucir par vos soins les maux et les blessures des guerriers, et souvent il accorde la plus pure des victoires à la faveur de vos prières.

Priez donc ! priez pour le réveil de l’antique vertu, priez que nous nous relevions un grand peuple comme autrefois ; évoquez les martyrs de notre sainte liberté ; évoquez-les comme les génies de la vengeance et les protecteurs d’une cause sacrée ! Louise, viens autour de nos drapeaux pour les bénir ; marche devant nous, esprit de notre Ferdinand ; et vous, ombres des vieux Germains, voltigez sur nos rangs comme des étendards !

À nous le ciel, l’enfer cédera ! En avant, peuple de braves !… en avant ! Ton cœur palpite et tes chênes grandissent. Qu’importe qu’il s’entasse des montagnes de tes morts !… il faut planter à leur sommet le drapeau de l’indépendance ! Mais, ô mon peuple ! quand la victoire t’aura rendu ta couronne des anciens jours, n’oublie pas que nous te sommes morts fidèles, et honore aussi nos urnes d’une couronne de chêne.