Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome I.djvu/53

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du héros, et, lorsque passe la nacelle, il lui souhaite un bon voyage.

« Vois, ces muscles étaient nerveux ; ce cœur, ferme et farouche ; ces ossements, pleins de moelle guerrière ; cette coupe était pleine.

« Je passai dans les orages la moitié de ma vie ; je donnai l’autre moitié au repos, et toi, là-bas, nacelle des hommes, vogue, vogue toujours ! »


À un cœur d’or, qu’il portait à son cou.

Souvenir de joies évanouies, ô toi, que je porte toujours à mon col, nous enchaînes-tu tous deux plus longtemps que le lien des âmes ? Prolonges-tu les jours fugitifs de l’amour ?

Lili, j’ai pu te fuir ! et il me faut encore, avec ton lien, courir les pays étrangers, les forêts, les vallées lointaines ! Ah ! le cœur de Lili ne pouvait sitôt se détacher de mon cœur.

Comme un oiseau, qui rompt le lacet et retourne au bois, traîne après lui un bout de fil, signal de l’esclavage ; il n’est plus l’oiseau d’autrefois, l’oiseau né libre ; il a connu un maître.


Délices de la mélancolie.

Ne tarissez pas, ne tarissez pas, larmes de l’amour éternel ! Ah ! comme à l’œil encore humide le monde semble mort et désert ! Ne tarissez pas, ne tarissez pas, larmes de l’amour malheureux !


Chant de nuit du voyageur.

Toi qui viens du ciel, toi qui apaises toute peine et toute douleur, qui verses double mesure de rafraîchissement à qui est doublement malheureux, hélas ! je suis fatigué de ma vie agitée : que me veulent et la douleur et la joie ? Douce paix, viens, ah ! viens dans mon cœur !


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Sur tous les sommets est le repos ; dans tous les feuillages tu sens un souffle à peine ; les oiselets se taisent dans le bois ; attends un peu, bientôt tu reposeras aussi !