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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


COMÉDIE EN UN ACTE[1].




Le cabinet de Guillaume.


Guillaume, seul. Il est à son bureau, des livres de compte et des papiers devant lui.

Encore deux nouvelles pratiques cette semaine ! Quand on se remue, on gagne toujours quelque chose ; et, quand même ce serait peu, cela fait pourtant une somme à la fin ; et qui joue petit jeu trouve toujours du plaisir même à un petit gain ; et une petite perte, on s’en console. (Entre un facteur.) Qu’y a-t-il ?

Le Facteur.

Une lettre chargée ; vingt ducats ; moitié du port franco.

Guillaume.

Bien, très-bien ; portez le reste sur mon compte. (Le Facteur sort. Guillaume considère la lettre.) De tout le jour, je n’ai pas voulu m’avouer que je l’attendais. Maintenant je puis sur-le-champ payer Fabrice, et je n’abuserai pas plus longtemps de sa bonté. Hier il me dit : « J’irai demain chez toi. » Je n’étais pas à mon aise. Je savais qu’il ne me dirait pas un mot de l’affaire, et, comme cela, sa présence m’en dit deux fois autant. (Il ouvre le paquet et compte.) Autrefois, quand je tenais mon ménage un peu moins en ordre, les créanciers muets me gê-

  1. En prose, dans l’original.