Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée





LE COMTE.

Mais si, dans la suite, vous transgressez mes ordres, si vous ne faites pas tout pour réparer la faute commise, n’espérez pas de voir jamais le visage du grand cophte, de rafraîchir jamais à la source de la sagesse vos lèvres altérées…. Maintenant, répondez : avez-vous compris ce que je vous ai enseigné ?… Quand un disciple doit-il se livrer à ses méditations’ ?

LE CHEVALIER.

Pendant la nuit.

LE COMTE.

Pourquoi ?

PREMIER DISCIPLE.

Pour qu’il sente plus vivement qu’il marche dans les ténèbres.

LE COMTE.

Quelles nuits doit-il préférer ?

DEUXIÈME DISCIPLE.

Les nnits où le ciel est clair et où les étoiles étincellent.

LE COMTE.

Pourquoi ?

LE CHEVALIER.

Pour qu’il reconnaisse que des milliers de flambeaux ne suffisent pas à répandre la clarté, et qu’il désire d’autant plus vivement l’unique soleil qui donne la lumière.

LE COMTE.

Quelle étoile doit-il surtout contempler ?

PREMIER DISCiPLE.

L’étoile polaire.

LE COMTE.

Que doit-elle lui représenter ?

DEUXIÈME DISCIPLE.

L’amour du prochain.

LE COMTE.

Comment s’appelle l’autre pôle ?

PREMIER DISCIPLE.

L’amour de la sagesse.

LE COMTE.

Ces deux pôles ont-ils un axe ?

LE CHEVALIER.

Sans doute ; car, autrement, ils ne seraient pas des pôles. Cet