Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/50

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V.

LE COMTE, SAINT-JEAN.

Saint-jean, entrant avec précaution. N’ai-je pas bien fait ma besogne ?

LE COMTE.

Tu as rempli ton devoir.

SAINT-JEAN.

Los portes ne se sont-elles pas ouvertes, comme si des esprits les avaient enfoncées ? Mes camarades ont eu peur et ont pris la fuite ; aucun n’a rien vu ni remarqué.

LE COMTE.

C’est bien ! Je les aurais aussi ouvertes sans toi ; seulement une opération de ce genre demande plus de façons. Je n’ai quelquefois recours aux moyens ordinaires que pour ne pas importuner toujours les nobles esprits. (Ouvrant une bourse.) Voici pour ta peine. Ne dépense pas cet or étourdiment : c’est de l’or philosophique ; il porte bonheur…. Si on le garde dans sa poche, elle n’est jamais vide.

SAINT-JEAN.

Vraiment ! Alors je veux bien le garder.

LE COMTE.

Bien ! Ajoutes-y incessamment deux ou trois pièces, et tu verras des merveilles.

SAINT-JEAN.

Avez-vous fait cet or vous-même, monsieur le comte ?

LE COMTE.

Je n’en donne point d’autre.

SAINT-JEAN.

Que vous êtes heureux !

LE COMTE.

Parce que je fais des heureux.

SAINT-JEAN.

Je vous suis dévoué de corps et d’âme.

LE COMTE.

Cela ne pourra te nuire. Va et tais-toi, afin que les autres