Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/170

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D’ÉTUDE.

FAUST, MIÎPHISTOPHÉLÈS.

FAUST.

On frappe ?… Entrez ! Qui vient encore m’importuner ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

C’est moi.

FAUST.

Entre.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Il faut que tu le dises trois fois.

FAUST.

Entre donc.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Tu me plais ainsi. Nous nous entendrons, j’espère. Car, pour dissiper tes rêveries, me voici en jeune gentilhomme, en habit écarlate, galonné d’or,’en petit manteau de soie étoffée, la plume de coq au chapeau, et, au côté, une longue épée pointue, et je te conseille tout uniment de t’habiller de même, afin que, libre et sans entraves, tu viennes apprendre ce que c’est que la vie.

FAUST.

Sous tous les vêtements je sentirai les misères de l’étroite vie terrestre. Je suis trop vieux pour m’en tenir aux amusements, trop jeune pour être sans désir. Le monde, que peut-il me donner ? « Renonce, il le faut ! Il le faut, renonce ! » Voilà l’éternel refrain qui résonne aux oreilles de chacun, et que, durant toute notre vie, chaque heure nous chante d’une voix enrouée. Le matin, je ne m’éveille qu’avec effroi ; je pourrais verser des larmes amères, en voyant ce jour qui, dans sa course, ne remplira pas un seul de mes vœux, non, pas un seul ; qui, par de capricieuses vétilles, altère jusqu’au pressentiment de tout plaisir, et, par les mille mascarades de la vie, étouffe les créations

GŒTIIE. — TH. III 11