Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


LA RUE.

Devant la porte de Marguerite. 11 fait nuit. Valentin, frère de Marguerite, est en habit de soldat.

VALENTIN.

Lorsque j’étais assis à un de ces repas où les gens aiment à se faire valoir, et que mes camarades vantaient bien haut devant moi la fleur des jeunes filles, noyant l’éloge dans les rasades, le coude appuyé sur la table, je restais assis bien tranquille ; j’écoutais toutes ces fanfaronnades, et me caressais la barbe en souriant, et prenais en main mon verre, et je disais : * Chacun son goût ; mais en est-il une, dans tout le pays, qui vaille ma bonne petite Marguerite ? qui mérite de porter l’eau pour ma sœur ?… » Top ! top ! kling ! klang ! entendait-on à la ronde. Les uns criaient : « 11 a raison ! elle est l’ornement de tout le sexe ! » Et tous les vantards restaient muets. Et maintenant !… Il y a de quoi s’arracher les cheveux, de quoi grimper aux murs…. Avec leurs coups de langue et leurs moqueries, chaque drôle viendra me honnir ! Je serai là sur la sellette, comme un mauvais débiteur, suant à chaque petit mot lancé par hasard ! Et quand je les rosserais tous ensemble…. je ne pourrais cependant les traiter de menteurs…. Qui vient là ? Qui se glisse par ici ? Si je ne me trompe, ils sont deux. Si c’est lui, je lui tombe sur le corps ; il ne s’en ira pas vivant de la place. (Surviennent Faust et Méphistoplièlcs.)

FAUST.

Comme, à travers la fenêtre de la sacristie voisine, la lueur de la lampe éternelle là-haut rayonne, et, faible, et plus faible encore, décline à l’écart, et comme l’obscurité se presse alentour, de même la nuit règne dans mon cœur.

MÉPHISTOPHÉLÈS.