Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la lumière !

MARTHE.

On se querelle et l’on chamaille ; on crie et l’on se bat. .

PEUPLE.

En voilà déjà un de mort !

Marthe, sortant. Les meurtriers se sont-ils donc enfuis ?

MARGUERITE, Sortant.

Qui est là gisant ?

PEUPLE.

Le fils de ta mère. %

Marguerite’ : Dieu tout-puissant ! quel malheur !

VALENT1N.

Je meurs ! C’est bientôt dit et encore plus tôt fait. Femmes, pourquoi restez-vous là à crier et gémir ? Approchez et écoutezmoi. (Tous font cercle autour de lui.) Écoute, ma petite Marguerite : tu es jeune ; tu n’es pas encore assez avisée ; tu conduis mal tes affaires. Entre nous soit dit, tu n’es qu’une catin : soisla donc comme il faut !

MARGUERITE.

Mon frère ! Dieu ! que dis-tu là ?

VALENTIN.

Ne mêle pas notre seigneur Dieu dans ces bagatelles. Malheureusement, ce qui est fait est fait, et les choses iront comme elles pourront aller. Tu commences avec un seul en cachette : bientôt il en viendra d’autres, et, si une fois une douzaine te possèdent, tu appartiendras aussi à toute la ville. Quand la honte prend naissance, elle vient au monde en secret, et Ton étend le voile de la nuit sur sa tête et ses oreilles ; même on voudrait bien l’étouffer. Mais, quand elle croît et se fait grande, alors aussi elle se montre nue en plein jour, et n’en est pas plus belle. Plus son visage est affreux, plus elle cherche la lumière du jour. En vérité, je vois déjà le temps où tous les honnêtes bourgeois se détourneront de toi, prostituée, comme d’un cadavre infect. Tu sentiras ton cœur se briser dans ta poitrine, quand ils te regarderont entre les yeux. Tu ne porteras plus de chaîne d’or. Dans