Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

remue ; cela passe et bavarde ; cela brille, étincelle et pue et brûle. Véritable élément de sorcières ! Tiens-moi ferme, autrement nous serons bientôt séparés ! Où es-tu ? Faust, dans l’cloiynement. Ici !

MÉPHISTOPHÊLÈS.

Quoi ! déjà emporté là-bas ? Il faut que je mette en usage mon droit de maître du logis. Place ! voici le seigneur Voland. Place, aimable canaille ! Place ! Ici, docteur, prends-moi, et puis, en un saut, dérobons-nous à la presse : c’est trop fou, même pour mes pareils. Ici près quelque chose brille d’un éclat tout singulier. Je me sens attiré vers ce petit buisson. Viens, viens, nous nous glisserons là dedans.

FAUST.

Esprit de contradiction ! poursuis : tu n’as qu’à me conduire. Je veux croire que c’est sagement fait. Nous montons au Brocken dans la nuit du sabbat, pour nous y séquestrer à plaisir !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Regarde donc quelles flammes bigarrées ! Un joyeux club est assemblé : dans le petit monde, on n’est pas seul.

FAUST.

Cependant j’aimerais mieux être là-haut ! Déjà je vois la fournaise et les tourbillons de fumée. La multitude afflue vers l’esprit malin : là doit se résoudre mainte énigme.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Là mainte énigme se noue aussi. Laisse bourdonner le grand monde ; logeons-nous dans ce lieu sans bruit. C’est un usage dès longtemps établi, que dans le grand monde on fait de petits mondes. Là je vois de jeunes petites sorcières, toutes nues, et des vieilles qui se voilent prudemment. Soyez aimable, ne fût-ce que pour l’amour de moi. La peine est petite, le plaisir est grand. J’entends un vacarme d’instruments. Maudit charivari ! Il faut s’y accoutumer. Viens, viens ! On n’y peut rien changer. J’avance et je t’introduis, et te rends un nouveau service…. Qu’en dis-tu, mon ami ? Ce n’est pas là un petit espace ! Regarde là-bas : tu vois à peine la fin. Cent feux brûlent à la file. On danse, on babille, on cuisine, on boit, on fait l’amour. Or ça, dis-moi où l’on peut trouver mieux.