Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/305

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Je la plonge soudain dans le feu bouillonnant. A présent, masques, soyez sur vos gardes. Comme cela brille et pétille et jaillit en étincelles ! Déjà la baguette s’enflamme. Qui s’avancera trop près sera soudain brûlé impitoyablement…. Maintenant je commence ma promenade.

CRIS ET PRESSE.

Ah ! ah ! c’est fait de nous…. sauve qui peut !… Recule, recule, toi qui es derrière !… Le feu me jaillit au visage…. La baguette ardente m’accable de son poids…. Nous sommes tous perdus…. Arrière, arrière, flots de masques !… Arrière, arrière, troupe folle !… Oh ! si j’avais des ailes, je prendrais le vol….

Plutus.

Déjà la troupe est refoulée, et personne, je le crois, n’est brûlé. La foule recule, elle est effrayée,… Cependant, comme garantie de cet ordre, je trace un cercle invisible.

LE HÉRAUT.

Tu as accompli une œuvre admirable. Combien je rends grâce à ton sage pouvoir !

Plutus.

Il faut encore de la patience, noble ami : maint tumulte menace encore.

L’avare.

On peut du moins, si l’on en prend fantaisie, contempler ce cercle avec plaisir, caries femmes sont toujours en avant, lorsqu’il se trouve quelque chose à voir ou à croquer. Je ne suis pas encore si complètement rouillé : une belle femme est toujours belle, et, aujourd’hui, puisqu’il ne m’en coûte rien, je veux hardiment coqueter. Mais comme, en ce lieu, où la foule regorge, chaque parole n’arrive pas à chaque oreille, j’essayerai, en homme habile (et j’espère avec bon succès), de m’exprimer clairement par le langage mimique. Si la main, le pied, les gestes ne me suffisent pas, je tenterai quelque drôlerie ; j’userai de l’or comme d’une argile humide ; car ce métal peut se changer en toute chose.

LE HÉRAUT.

Que va-t-il faire, ce maigre fou ? Un pareil affamé serait-il facétieux ? Il pétrit tout l’or en pâte ; l’or s’amollit dans ses mains. Comme qu’il le presse et le roule, le métal reste néanmoins