Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/322

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proprement, et, vienne le printemps, les taches auront disparu.

UNE BRUNE.

La foule se presse pour vous faire sa cour. Je vous supplie de venir à mon aide. Ce pied gelé me gêne, pour la marche comme pour la danse : je suis même maladroite à faire la révérence.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Permettez que j’appuie mon pied sur le vôtre.

LA BRUNE. ’

Cela se fait bien entre amoureux.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Mon enfant, la pression de mon pied a une plus grande vertu. Tel mal, tel remède, quelle que soit la souffrance. Le pied guérit le pied, et il en est ainsi de tous les membres. Approchez ; prenez garde : vous ne me rendrez pas la pareille. La Brune, criant.

Ah ! ah ! cela brûle !… Quel pied dur, comme le sabot d’un cheval !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Mais vous êtes guérie. Tu peux maintenant danser à cœur joie, et, sous la table joyeuse, jouer du pied avec ton amoureux. Une Dame, faisant des efforts pour s’approcher.

Laissez-moi passer jusqu’à lui. Mes douleurs sont trop grandes ; elles me brûlent, elles me dévorent jusqu’au fond du cœur. Hier encore il cherchait son bonheur dans mes yeux, et il babillé avec elle et me tourne le dos.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Le cas est grave, mais écoute-moi : approche-toi de lui doucement ; prends ce charbon, trace-lui une raie sur les manches, le manteau, les épaules, comme il se pourra : il sentira dans le cœur le doux aiguillon du repentir. Mais tu devras aussitôt avaler le charbon, ne porter à tes lèvres ni du vin, ni de l’eau : ce soir même, il ira soupirer devant ta porte.

LA DAME.

Mais ce n’est pas du poison ?

MÉphistophÉlÈs, indigné. Respect à qui le mérite ! 11 vous faudrait courir bien loin pour