Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/382

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notre père, en l’implorant. (A Nirée :) Ce sont des enfants, que nous avons arrachés à la dent furieuse de l’incendie, couchés sur les roseaux et la mousse, réchauffés aux rayons du jour, et qui doivent maintenant, par des baisers de flamme, nous remercier tendrement. Regarde avec faveur ces gracieux enfants.

NÉRÉE.

11 faut estimer bien haut le double avantage d’être compatissant et de goûter en même temps du plaisir.

LES DOR1DKS.

Père, si tu approuves notre conduite, si tu nous permets un plaisir bien acquis, laisse-nous les garder, les presser à jamais sur notre sein d’une jeunesse éternelle.

NÉRÉE.

Vous pouvez prendre plaisir à cette belle capture, et-de l’adolescent vous ferez un homme, mais je ne saurais vous permettre ce que Jupiter peut seul accorder. Le flot, qui vous balance et vous berce, ne laisse point non plus de constance à l’amour, et, quand le caprice aura fini déjouer, déposez-les doucement sur la rive.

LES DORIDES. .

Aimables enfants, vous nous êtes chers, mais il faut nous séparer de vous tristement ; nous avons désiré une fidélité éternelle : les dieux ne veulent pas la souffrir.

LES ADOLESCENTS.

Que nous soyons encore l’objet de vos soins propices, nous, vaillants jeunes mariniers ! Nous n’avons eu jamais aussi bien, et ne voulons pas avoir mieux. (Galalée s’avance sur la conque.)

NÉRÉE.

C’est toi, ma bien-aimée !

GALATÉE.

O mon père ! ô bonheur ! Dauphins, arrêtez ! ce regard m’enchaîne.

NÉRÉE.

Déjà loin !… Ils passent comme un tourbillon. Que leur importe le secret mouvement du cœur ? Ah ! s’ils me prenaient avec elle ! Mais un seul regard enchante, jusqu’à tenir lieu d’une Cannée entière.

THALÊS.

Salut ! salut