Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/469

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charge à lui-même et aux autres, reprenant haleine et suffoquant ; ni trépassé ni vivant ; ni désespéré ni soumis ; un roulement irrésistible, une douloureuse indolence, de fatigants devoirs ; tantôt la délivrance, tantôt la servitude, un demi-sommeil, un pénible repos, le clouent à sa place et le préparent pour l’enfer.

FAUST.

Misérables fantômes, voilà comme vous traitez mille et mille fois l’espèce humaine ! Les jours même indifférents, vous les changez en un chaos afl’reux de tourments inextricables ! Il est difficile, je le sais, d’échapper aux démons ; cette chaîne étroite, immatérielle, on ne la brise point : mais, ô souci, ta puissance, qui grandit sourdement, je ne la reconnaîtrai pas.

LE SOUCI.

Éprouve-la, au moment où je te fuis eu te maudissant ! Les hommes sont aveugles toute leur vie : toi, Faust, deviens-le à la fin. (Le Souci lui souffle au visage.)

. Faust, devenu aveiigle.

La nuit semble s’approcher de plus en plus profonde, mais au dedans brille une éclatante lumière. Ce que j’ai médité, je me Mte de l’accomplir : la parole du maître donne seule l’impulsion. Debout, mes serviteurs ! debout, jusqu’au dernier ! Faites heureusement paraître au jour ce que. j’ai hardiment conçu. Prenez les outils, faites agir la bêche et la pelle. Que le plan tracé s’exécute sans retard. L’ordre précis, la prompte activité, seront suivis de la plus magnifique récompense. Pour accomplir ce grand ouvrage, un esprit suffit ù mille bras.