Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/79

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ne comportent déjà.qu’avec peine les soins d’une femme ; la tendresse des femmes nourrit l’enfant : l’adolescent est mieux élevé par les hommes.

ELPÈNOR.

Dis-moi, quand viendra mon père, qui m’emmène aujourd’hui dans sa ville ?

ÉVADNÉ.

Pas avant que le soleil ne monte au haut du ciel : le jour naissant t’a réveillé.

ElpÈnor.

Je n’ai pas dormi ; j’ai seulement sommeillé. Je sentais des mouvements tumultueux dans mon âme, agitée de tout ce que je dois attendre aujourd’hui.

ÉVADNÉ.

Comme tu désires, tu es aussi désiré ; car les yeux de tous les citoyens t’appellent.

ElpÈnor.

Écoute, je sais qu’ils sont préparés les présents qui me viennent aujourd’hui de mon père. Sais-tu ce que peuvent m’apporter les messagers ?

ÉvadnÉ.

Avant toutes choses de riches habits, je pense, comme doit en porter celui sur lequel sont dirigés les yeux de la foule, afin que ses regards, qui ne pénètrent pas au dedans, se repaissent du dehors.

ELPÈNOR.

J’espère autre chose, ma chère !

ÉVADNÉ.

De parures et de riches ornements, ton père rfen sera pas non plus avare aujourd’hui !

ELPÈNOR.

Je ne mépriserai point ces choses, si elles viennent ; mais tu conjectures comme si j’étais une fille. C’est un cheval qui viendra, grand, courageux et prompt ; ce que j’ai si longtemps souhaité, je l’aurai et je l’aurai à moi. Le bel avantage que j’avais en effet ! Je montais tantôt celui-ci, tantôt celui-là : ce n’était pas le mien ! Et, à mes côtés, un vieux serviteur tout tremblant !… Je voulais courir à cheval, et il voulait me garder en sû