Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

reté à la maison. Je n’aimais tien tant que d’être à la chasse aux côtés de la reine ; mais je voyais bien que, si elle eût été seule, elle aurait galopé plus fort, et moi aussi j’aurais .voulu être seul. Non, ce cheval, il me restera en propre ; j’en userai à cœur joie. J’espère que l’animal sera jeune, ardent et fougueux : le dresser moi - même serait mon plus grand plaisir. »

ÉVADNÉ.

J’espère qu’on aura songé à ton plaisir et en même temps à ta sûreté.

ElpÉnor.

L’homme cherche le plaisir dans les dangers, et bientôt je veux être un homme. On m’apportera encore, je le devine aisément, une épée, une plus grande que celle dont j’étais armé à la chasse : une épée de combat. Elle se ploie comme un roseau, et abat, d’un seul coup, une forte branche. Elle perce même le fer, et aucune trace de brèche ne reste sur le tranchant. La poignée est ornée d’un dragon d’or, et des chaînes pendent autour de la gueule, comme si un héros l’avait vaincu, enchaîné, dans une sombre caverne, et l’avait traîné, tout dompté, à la lumière du jour. J’essayerai bien vite la lame dans la forêt prochaine ; là je veux pourfendre les arbres et les abattre.

ÉVADNÉ.

Avec ce courage, tu vaincras l’ennemi. Afin que tu sois l’ami de tes amis, puissent les Grâces mettre dans ton cœur une étincelle du feu qui, entretenu, de leurs mains toujours pures, sur l’autel céleste, brûle aux pieds de Jupiter !

ELPÉNOR.

Je veux être un ami fidèle ; je veux partager ce qui rne vient des dieux, et, quand j’aurai tout ce qui me charme, je veux tout donner de bon cœur à tous les autres.

ÉVADNÉ.

Maintenant, adieu ! Ils ont passé bien promptement pour moi ces jours ! Gomme une flamme qui s’est eniin emparée fortement du bûcher, le temps dévore les vieillards plus promptement que la jeunesse.

ElpÉnor.

Aussi veux-je me hâter de faire des choses glorieuses.

ÉVADNÉ.