Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/134

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je veux faire ce que vous désirez, je veux couvrir de ma grâce royale les crimes de Reineke et ses déportements. Je me fie encore à lui, mais pour la dernière fois. Qu’il s’en souvienne. Car, je le jure par ma couronne, s’il retombe à l’avenir dans le désordre et le mensonge, il s’en repentira éternellement. Tous les siens, quels qu’ils soient, ne fussent-ils ses parents qu’au dixième degré, en porteront la peine ; aucun ne m’échappera ; ils seront plongés dans le malheur, dans la honte et dans de terribles procès. »

Quand Reineke vit comme le roi changeait promptement de pensée, il prit courage et dit :

» Serais-je assez insensé, monseigneur, pour vous conter des ’ histoires dont la vérité ne se pourrait démontrer dans peu de jours ? »

Et le roi crut ses paroles et lui pardonna tout, d’abord la trahison du père, puis ses propres méfaits.

Reineke en sentit une joie excessive. Bien à propos, il avait échappé à la puissance de ses ennemis et à sa destinée.

  • Noble roi, gracieux seigneur, dit-il, Dieu veuille vous rendre et à votre épouse tout ce que vous faites pour moi, indigne ! Je m’en souviendrai, et j’en montrerai toujours une profonde reconnaissance. Car assurément il n’est personne sous le ciel, dans tous les pays etles royaumes, que je visse plus volontiers possesseur de ces merveilleuses richesses. Quelles grâces ne m’avez vous pas faites ! En reconnaissance, je vous donne, de bon gré, le trésor du roi Emmeric, tel qu’il l’a possédé. Où il se trouve, je vais vous l’indiquer : je dirai la vérité. Écoutezmoi : à l’est de la Flandre est une plaine déserte, où se trouve un bocage isolé, qu’on appelle Husterlo : retenez bien ce nom ; ensuite il se trouve une fontaine du nom de Krekelborn, vous m’entendez, non loin du Itocage. Pas un homme, pas une femme, ne viennent en ce lieu de toute l’année. Là ne séjournent que les hibous et les chouettes, et c’est là que j’ai enfoui les trésors. L’endroit s’appelle Krekelborn : retenez bien cette indication et profitez-en. Allez-y vous-même avec votre épouse. Il n’y aurait personne d’assez sûr pour être envoyé comme messager, et la perte serait trop grande. Je n’oserais vous le conseiller. Il faut aller vous-même. Vous passerez devant Kre-