Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bonheur sans mélange ; hélas ! nous rêvons à vous, Charlotte ! Que de fois n’est-elle pas obligée de vous rendre hommage !… Non pas obligée : elle le fait de bon gré ; elle entend volontiers parler de vous ; elle vous aime.

Oh ! si j’étais assis à vos pieds, dans la petite chambre, gracieuse et tranquille ! si nos chers petits jouaient ensemble autour de moi, et, quand leur bruit vous fatiguerait, si je pouvais les rassembler en cercle et les calmer avec une histoire effrayante !

Le soleil se couche avec magnificence sur la contrée éblouissante de neige ; l’orage est passé ; et moi…. il faut que je rentre dans ma cage…. Adieu. Albert est-il auprès de vous ? Et comment ?… Dieu veuille me pardonner cette question !

8 février

Nous avons, depuis une semaine, le temps le plus affreux, et je m’en félicite, car ; depuis mon arrivée, je n’ai pas encore vu luire un beau jour, qu’un fâcheux ne me l’ait gâté ou dérobé. Maintenant, lorsqu’il pleut bjen fort, qu’il neige, qu’il gèle et dégèle, je me dis : « On ne peut être plus mal à la maison que dehors, » ou réciproquement, et je prends mon parti. Mais le soleil se montre-t-il le matin, et promet-il un beau-jour, je ne manque jamais de m’écrier : « Voici encore une faveur céleste qu’ils peuvent se ravir les uns aux autres. » Il n’est rien qu’ils ne se ravissent de la sorte : santé, bonne renommée, joie, repos ; et, le plus souvent, par niaiserie, ignorance et préjugé, et, à les entendre, avec les meilleures intentions. Je voudrais quelquefois les prier à genoux de ne pas se déchirer eux-mêmes les entrailles avec tant de fureur.

17 février.

Je crains que mon ambassadeur et moi nous ne puissions plus tenir longtemps ensemble. Cet homme est tout à fait -