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DE WILIIELM MEISTER. 235

CHAPITRE XIV.

L’arrivée de plusieurs personnes interrompit l’entretien. C’étaient des musiciens qui avaient coutume de se réunir chez Serlo, une fois par semaine, pour un petit concert. Il aimait beaucoup la musique, et soutenait qu’un acteur qui ne l’aime pas ne saurait acquérir une notion claire et un sentiment distinct de son art.

Comme l’action du corps est bien plus décente et plus facile, quand les gestes sont conduits et accompagnés par une mélodie, le comédien doit disposer un rôle, même écrit en prose, de manière à ne pas le débiter d’une façon monotone, en suivant ses habitudes personnelles, mais à le traiter, avec les inflexions convenables, suivant les lois du rhythme et de la mesure. Aurélie semblait prendre peu d’intérêt à ce qui se passait autour d’elle ; elle finit par conduire notre ami dans une chambre voisine, et, se mettant à la fenêtre, les yeux levés vers lé ciel étoile, elle dit à Wilheim

a Vous nous devez encore sur Nam~t plus d’une observation, mais je ne veux pas être importune, et je souhaite que mon frère entende aussi ce que vous avez encore & nous dire ; en attendant, faites-moi connaître ce que vous pensez d’Ophélie. On ne saurait en dire beaucoup de choses, répondit Wilhelm en effet, quelques traits de maître suffisent pour aessiner son caractère. Une sensibilité douce et profonde anime tout son être ; son amour pour le prince, a la main duquel elle a droit de prétendre, coule de source, d’une façon si naïve ; ce bon cœur s’abandonne si complétement à son désir, que le père et le frère s’en alarment, et l’avertissent tous deux avec une franchise grossière. La bienséance, comme la gaze