Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

266 LES AKNHE3 D’APPRENTISSAGE

CHAPITRE XX.

11 la trouva couchée sur son lit de repos ; elle paraissait tranquille.

Croyez-vous pouvoir jouer demain ? lui dit-il.

Sans doute, reprit-elle vivement. Vous le savez, rien ne m’en empêche. Ah que ne puis-je trouver un moyen d’échapper aux applaudissements de notre parterre ! Ils me veulent du bien et ils me feront mourir. Avant-hier j’avais le cœur brisé. Autrefois je pouvais souffrir ces hommages, quand je me plaisais à moi-même. Lorsque j’avais longtemps étudié et préparé mon rôle, j’aimais à entendre éclater dans la salle entière le signe heureux de mon succès. Maintenant je ne dis pas ce que je veux, ni comme je veux, je suis entraînée, je m’égare, et mon jeu fait une impression beaucoup plus grande ; les .applaudissements sont beaucoup plus bruyants, et je dis en moi-même Si vous saviez ce qui vous charme ! Ces accents étouffés, vioM lents, incertains, vous émeuvent, vous arrachent des cris d’admiration, et vous ne sentez pas que ce sont les cris de douleur de l’infortunée a laquelle vous avez accordé votre <[ bienveillance.

<. Ce matin, j’ai appris mon rôle ; je viens de répéter, de m’essayer je suis lasse, brisée, et demain il faudra recommencer. Demain soir, il faudra jouer. C’est ainsi que je me traîne d’une fatigue a une autre le matin, je me lève avec ennui ; le soir, je me couche avec chagrin. Je tourne dans un cercle éternel. Puis viennent les factieuses consolations ; puis je les rejette et les maudis. Je ne veux pas me soumettre, me soumettre la nécessité’ Pourquoi ce qui me tue serait-il nécessaire ? Les choses ne pourraient-elles aller autrement ?. Je suis Allemande