Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE CINQUIEME.

CHAPITRE I.

A peine guéri de ses deux blessures, Wilhelm en avait donc reçu une troisième, qui lui était assez incommode. Aurélic ne voulut pas souffrir qu’il se servît d’un chirurgien elle le pansait elle-même, accompagnant ses soins de discours, de sentences et de cérémonies bizarres, et le mettant par là dans une fort pénible situation. Au reste, ce n’était pas lui seul, mais toutes les personnes qui approchaient d’elle, qu’elle faisait souffrir par son inquiétude et ses singularités ; mais nul n’en souffrait plus que le petit Félix. Sous une pareille contrainte, l’enfant, très-vif, était d’une extrême impatience, et se montrait toujours plus mutin, à mesure qu’elle le tançait et le. redressait davantage.

II se plaisait a certaines singularités, que l’on a aussi coutume d’appeler mauvaises manières, et qu’Aurélie n’entend.lit nullement lui passer. H buvait, par exemple, plus volontiers la bouteille que dans son verre, et paraissait trouver meilleur goût a ce qu’il prenait dans le plat qu’à ce qu’on lui servait sur son assiette. Ces mauvaises habitudes n’étaient point tolérées, et, quand il laissait les portes ou les fermait avec fracas, quand on lui donnait un ordre, et qu’il ne bougeait pas de la place ou s’enfuyait brusquement, il lui fallait écouter une longue réprimande, sans qu’il fit paraître ensuite aucune trace d’amendement. Au contraire, son affection pour Aurélie semblait diminuer de jour en jour ; il n’y avait dans sa voix rien