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DE WILHELM MEISTER. 277

vons pas besoin de toi tu peux donc courir le monde à ton gré ; c’est en voyageant qu’un homme habile se forme le mieux. Adieu Je me félicite, étant si étroitement uni avec toi, de l’être aussi désormais par l’esprit d’activité.

Cette lettre, si bien écrite et si remplie de vérités en matière d’économie, déplut cependant à Wilhelm de plus d’une façon. Les éloges qu’il recevait pour ses connaissances supposées en statistique, en technologie et en économie rurale, étaient pour lui de secrets reproches, et l’idéal que son beau.-frère lui traçait du bonheur de la vie bourgeoise ne le séduisait nullement ; un secret esprit de contradiction le poussait au contraire vivement du côté opposé. Il se persuada que le théâtre seul pourrait lui procurer tout le développement qu’il désirait, et il parut d’autant plus affermi dans sa résolution, que Werner s’y était opposé plus vivement, sans le savoir. Là-dessus il rassembla tous ses arguments, et il s’attacha à ses idées, à proportion qu’il croyait avoir plus de motifs pour les présenter au sage Werner sous un jour favorable. Ainsi fut écrite la réponse que nous allons mettre aussi sous les yeux du lecteur.

CHAPITRE III.

Ta lettre est si bien écrite, si finement et si sagement pensée qu’on n’y saurait rien ajouter ; mais tu me permettras de te dire qu’on pourrait penser, soutenir et faire le contraire, et cependant avoir aussi raison. Tes idées, tes vues tendent à posséder des richesses infinies et à mener une facile et joyeuse vie à peine ai-je, besoin de te dire que je ne puis trouver là rien qui me tente.

D’abord j’ai le regret de t’avouer que j’ai écrit mon journal par nécessité, pour être agréable à mon père, avec le secours