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DE WILHELM ME1STER. 4~

bizarre, des fils d’or et d’argent, formant des figures singulières, distinguaient ce ruban de tous les rubans du monde. Wilhelm fut persuadé qu’il avait devant les yeux la trousse du vieux chirurgien qui l’avait pansé dans la forêt, et l’espérance de trouver, après un si long temps la trace de son amazone traversa son cœur comme une flamme.

D’où vous vient cette trousse ? s’écria-t-il. A qui appartenaitelle avant vous ? Je vous en prie dites-le-moi.

Je l’ai achetée à l’enchère. Que m’importe à qui elle appartenait ? »

En disant ces mots, le chirurgien s’éloigna et Jarno dit « Ce jeune homme ne dira-t-ii jamais un mot de vérité ? Ce n’est donc pas à l’enchère qu’il a acheté cette trousse ? Tout aussi peu qu’il est vrai que Lothaire soit en danger. s

Wilhelm restait plongé dans des réflexions diverses Jarno lui demanda comment il avait vécu depuis leur séparation. Wilhelm raconta en gros son histoire, et, lorsque enfin il en fut venu à la mort d’Aurélie et à son message Jarno s’écria « C’est étrange C’est bien étrange =

L’abbé sortit de la chambre, et fit signe à Jarno d’aller prendre sa place puis il dit à Wilhelm

’e Le baron vous fait prier de rester au château ; de vous joindre à ses amis pendant quelques jours, et de vouloir bien contribuer à le distraire, dans la situation où il se trouve. Si vous avez besoin d’écrire chez vous, veuillez préparer votre lettre sur-le-champ. Et, pour vous expliquer la singulière aventure dont vous êtes témoin, je dois vous dire ce qui du reste n’est pas un secret le baron avait lié avec une dame une petite intrigue, qui faisait un peu trop de bruit, parce que la belle voulait jouir trop vivement du triomphe qu’elle avait remporté sur une rivale. Par malheur, au bout de quelque temps, le baron ne trouva plus auprès de sa nouvelle conquête le même attrait il l’évita ; mais elle, avec son caractère violent, elle ne put supporter la chose de sang-froid. Ils en vinrent, dans un bal, à une rupture ouverte elle se prétendit outrageusement offensée et demanda vengeance. Aucun chevalier ne se présenta pour prendre sa défense enfin son mari, dont elle était séparée