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426 LES AKNËi’ :S D’APPRENTISSAGE

« Où est le régisseur ? demanda-t-elle, lorsqu’elle fut au bas de l’escalier. N’allez pas croire, poursuivit-elle, que je sois assez riche pour avoir besoin d’un régisseur. Je puis fort bien administrer moi-même ma petite terre. Ce serviteur appartient à un de mes voisins, qui vient d’acheter un beau domaine, que je connais à fond. Ce bonhomme est au lit, malade de la goutte ; ses gens sont nouveaux dans le pays, et je me fais un plaisir de les aider à s’établir.

Ils firent une promenade à travers champs, prairies et vergers. Thérèse donnait au régisseur des explications sur tout ; elle pouvait lui rendre compte des plus petits détails ; et Wilhelm eut tout sujet d’admirer ses connaissances, sa précision et l’habileté avec laquelle elle trouvait des moyens pour tous les cas à résoudre. Elle ne s’arrêtait nulle part, se hâtait toujours d’aller aux points importants, et, de la sorte, elle eut bientôt fait.

Saluez votre maître de ma part, dit-elle à l’homme en le congédiant. J’irai le voir aussitôt que possible. Je fais bien des vœux pour sa santé.

« Eh bien, dit-elle avec un sourire, quand le régisseur fut parti, il ne tiendrait qu’à moi d’être bientôt dans l’opulence mon bon voisin ne serait pas éloigné de m’offrir sa main. Ce vieillard goutteux ! dit Wilhelm. Pourriez-vous prendre, à votre âge, un parti si désespéré ?

Aussi ne suis-je pas tentée le moins du monde. On est assez riche, quand on sait gouverner son bien ; avoir de grands domaines est un lourd fardeau, quand on ne le sait pas. s Wilhelm exprima son admiration de ses connaissances en économie rurale.

penchant décidé, répondit Thérèse, une occasion qui s’offre dès le jeune âge, une impulsion étrangère et la pratique assidue d’une chose utile font bien d’autres miracles dans le monde. Quand vous aurez appris ce qui m’a encouragée, mon talent, qui vous paraît merveilleux, ne vous étonnera plus. Lorsqu’ils revinrent à la maison, Thérèse laissa Wilhelm dans lé petit jardin, où il pouvait à peine se tourner, tant les allées étaient étroites et tout l’espace soigneusement cultivé. Il ne put s’empêcher de sourire en traversant la cour, car le bois à