Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/447

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE WILHELM MEISTER. 443

Pour mon compte, je ne verrais d’union mal assortie que celle qui me condamnerait à l’oisiveté et à la représentation j’aimerais mieux épouser un honnête fermier du voisinage. Wilhelm songeait à retourner chez Lothaire, et il pria sa nouvelle amie de faire en sorte qu’il pût prendre congé de Lydie. Cette jeune fille passionnée se laissa persuader. 11 lui adressa quelques paroles affectueuses ; elle fit cette réponse J’ai surmonté la première douleur. Lothaire me sera toujours cher, mais je connais ses amis je suis affligée qu’il soit si mal entouré. L’abbé serait capable de laisser, pour un caprice, les gens dans la détresse, ou même de les y plonger ; le docteur voudrait tout mettre en équilibre ; Jarno n’a point de cœur, et vous. point de caractère ! Poursuivez et faitesvous l’instrument de ces trois hommes On vous chargera encore de mainte exécution. Dès longtemps, je le sais fort bien, ma présence leur était importune je n’avais pas découvert leur secret, mais j’avais observé qu’ils me cachaient quelque chose. Pourquoi ces chambres fermées, ces mystérieux corridors ? Pourquoi personne ne peut-il pénétrer dans la grande tour ? Pourquoi me reléguaient-ils dans ma chambre, aussi souvent qu’ils pouvaient ? J’avoue que c’est la jalousie qui m’a conduite à cette découverte ; je craignais qu’une heureuse rivale ne fût cachée quelque part maintenant je ne le crois plus, je crois à l’amour de Lothaire, à ses loyales intentions, mais je crois aussi qu’il est trompé par ses artificieux et perfides amis. Si vous voulez qu’il vous soit justement redevable et que je vous pardonne vos torts envers moi, délivrez-le des mains de ces hommes ! Mais puis-je l’espérer ?. Remettez-lui cette lettre ; répétez-lui ce qu’elle renferme, que je l’aimerai toujours, que je me fie à sa parole. Ah ! s’écria-t-elle, en se jetant, tout éplorée, au cou de Thérèse, il est environné de mes ennemis. Ils chercheront à lui persuader que je ne lui ai rien sacrifié. L’homme le meilleur aime a s’entendre dire qu’il est digne de tous les sacrifices, sans être obligé à la reconnaissance. n

Les adieux de Thérèse furent plus gais elle exprima le vœu de revoir bientôt Wilhelm.

Vous me connaissez tout entière, lui dit-elle. Vous m’avez