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DE WILHKLM MMSTJ~R. 497

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OOETHE.–A~.D’AFPR. 32

un vint lui aire que Aamaiie i amendait pour déjeuner, 11 entra dans une salle où plusieurs petites filles, vêtues simplement, et dont aucune ne paraissait avoir, plus de dix ans, mettaient le couvert, tandis qu’une personne âgée apportait une légère collation.

Wilhelm considérait un portrait placé au-dessus du canapé il était forcé d’y reconnaître la’figure de Nathalie, mais il était loin d’en être satisfait. Nathalie entra et toute la ressemblance disparut. Heureusement la croix de chanoinesse brillait également sur la poitrine de l’image et sur celle de Nathalie. « Madame, lui dit-il, j’examinais cette peinture, et je m’étonne qu’un artiste puisse être à la fois si fidèle et si menteur. Cette figure vous ressemble fort bien en général, et pourtant ce ne sont ni vos traits ni votre expression.

Il faut plutôt s’étonner, répondit Nathalie, qu’il s’y trouve autant de ressemblance, car ce n’est point mon portrait, c’est celui d’une tante qui me ressemblait encore étant âgée, quand je n’étais qu’une enfant. Lorsqu’on fit cet ouvrage, elle avait à peu près l’âge où je suis, et, au premier coup d’œil, chacun s’y trompe. Que n’avez-vous connu cette femme excellente Je lui ai de grandes obligations. Une très-faible santé, l’habitude, peut-être excessive, de se replier sur elle-même, et des scrupules moraux et religieux, ne lui permirent pas d’être pour le monde ce qu’elle eût été avec d’autres dispositions. Ce fut une lumière qui brilla seulement pour quelques amis et pour moi. Serait-il possible, reprit Wilhelm après un moment de réflexion, et frappé tout à coup du concours de tant de circonstances diverses, serait-il possible que cette âme si noble et si belle, dont j’ai pu lire aussi les paisibles aveux, fût votre tante ? `t

Vous avez lu ce manuscrit ?

Oui, madame, avec le plus grand intérêt, et non sans fruit pour toute ma vie. Ce qui m’a le plus frappé dans ce récit, c’est, je pourrais dire, la netteté de l’objet, non-seulement en ce qui la touche elle-même, mais encore dans tout ce qui l’environnait c’est cette nature indépendante, incapable de rien admettre en elle qui ne fût en harmonie avec ses sentiments nobles et bienveillants.