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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/503

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DE WILHELM MEISTER. 499

vénérable Ue n est pas une maison, c’est un temple, et vous en êtes la digne prêtresse, vous en êtes le génie. Je me souviendrai toute ma vie de l’impression que j’éprouvai hier au soir, lorsqu’à mon entrée, je vis devant moi les œuvres d’art qui m’avaient entouré dans mon enfance. Je me rappelai les strophes de Mignon et ses statues compatissantes, mais ces statues n’avaient pas à pleurer sur moi elles me regardaient avec une noble gravité et rattachaient à ce moment mes premiers souvenirs. Cet ancien trésor de notre famille, les délices de mon grand-père, je le trouve ici parmi cent autres chefs-d’œuvre, et moi, que la nature avait fait le favori de ce bon vieillard, moi, indigne, je m’y trouve aussi, bon Dieu, dans quelles liaisons dans quelle société ! »

Les jeunes filles s’étaient peu à peu retirées, pour vaquer à leurs petits travaux. Wilhelm resta seul avec Nathalie, qui lui demanda d’expliquer plus clairement ses dernières paroles. La découverte qu’une précieuse partie des œuvres d’art qui formaient la collection avait appartenu à son grand-père, rendit la conversation plus gaie et plus familière. Tout comme Wilhelm avait fait connaissance avec la famille par le moyen du manuscrit, maintenant il se retrouvait en quelque sorte dans son héritage.

Il désirait voir Mignon son amie le pria de prendre patience jusqu’au retour du docteur, qu’on avait appelé dans le voisinage. On devine aisément que c’était ce même petit homme, plein d’activité, que déjà nous connaissons et qui figurait aussi dans les CoH/MMtM cfMM belle âme.

« Puisque je me trouve au sein de cette famille, dit Wilhelm, l’abbé dont parle le manuscrit est aussi, je pense, l’homme bizarre inexplicable, que j’ai retrouvé chez votre frère, après les plus singuliers événements ? Peut-être, madame, me donnerez-vous sur lui quelques éclaircissements ?

Il y aurait beaucoup a dire sur son compte, répondit Nathalie. Ce que je sais le mieux, c’est l’influence qu’il a exercée sur notre éducation. Il a cru longtemps que l’éducation doit se baser tout entière sur les penchants naturels ce qu’il pense aujourd’hui, je l’ignore. Il affirmait que le tout de l’homme est l’activité, et qu’on ne peut rien faire sans la disposition natu