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508 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

CHAPITRE IV.

Jusqu’alors on avait parlé assez souvent de Mlle Thérèse ; assez souvent on avait fait mention d’elle en passant, et, presque toujours, Wilhelm avait été sur le point d’avouer à sa nouvelle amie qu’il avait offert à cette femme excellente son cœur et sa main. Je ne sais quel sentiment, qu’il ne pouvait s’expliquer, le retenait il balança si longtemps, qu’enfin Nathalie elle-même, avec un sourire angélique, une sérénité modeste, qui lui était ordinaire, dit à notre ami

« Il faut donc que je parle et que j’entre de force dans votre confidence. Mon ami, pourquoi me faites-vous un secret d’un événement si important pour vous, et qui me touche moi-même de si près ? Vous avez offert votre main à mon amie ; ce n’est pas sans mission que j’interviens dans cette affaire voici mes titres voici la lettre qu’elle vous écrit, la lettre qu’elle vous envoie par mon entremise.

Une lettre de Thérèse ! s’écria-t-il.

Oui, monsieur, et votre sort est décidé. Vous êtes heureux, recevez mes félicitations pour vous et pour mon amie. » Wilhelm resta muet, les yeux baissés. Nathalie l’observa elle le vit pâlir.

« La joie vous saisit, poursuivit-elle, avec tous les signes de la frayeur ; elle vous ôte l’usage de la parole. La part que j’y prends n’en est pas moins sincère, pour ne pas me rendre muette. J’espère que vous serez recbnnaissant, car, je puis vous le dire, mon influence sur la résolution de Thérèse n’a pas été peu considérable. Elle m’a demandé conseil, et, par un singulier hasard, vous veniez d’arriver chez moi j’ai pu dissiper heureusement les faibles doutes que mon amie avait encore,