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DE WILHELM MEISTER. 509

Les courriers se sont succédé promptement. Voici la résolution, voici le dénoûment. Il faut maintenant que vous lisiez toutes ses lettres ; il faut que vous connaissiez à fond le noble cœur de votre fiancée. »

Wilheim ouvrit la lettre, qu’elle lui présenta non cachetée, et lut ces lignes affectueuses

Je vous appartiens, telle que je suis et telle que vous me connaissez. Vous êtes à moi, tel que vous êtes et que je vous connais. Ce que le mariage pourra changer en nos personnes et nos relations, nous saurons le supporter avec de la raison, du courage et de la bonne volonté. Comme ce n’est point l’amour, mais l’amitié et la confiance qui nous unissent, nous risquons moins que beaucoup d’autres. Vous me pardonnerez sans doute, si je me souviens quelquefois avec tendresse de mon premier ami ; en échange, je presserai votre fils sur mon cœur avec les sentiments d’une mère. Si vous voulez partager dès à présent avec moi ma petite maison, nous serons seigneurs et maîtres ; en attendant, l’acquisition du domaine se terminera. Je souhaite que l’on n’y fasse aucune nouvelle disposition sans moi, afin que je puisse d’abord me montrer digne de la confiance que vous m’accordez. Adieu, tendre ami, cher fiancé, noble époux ! Thérèse vous presse sur son cosur avec joie, avec espérance. Mon amie vous en dira davantage ; elle vous dira tout. » Wilheim, a qui cette lettre avait rappelé parfaitement sa chère Thérèse, était aussi rentré tout à fait en lui-même. Pendant cette lecture, les pensées les plus soudaines se succédaient dans son âme. Il s’effrayait d’y trouver de vives traces d’amour pour Nathalie ; il se condamnait lui-même ; toute pensée pareille était à ses yeux une folie ; il se représentait Thérèse dans toute sa perfection ; il relut sa lettre et reprit sa sérénité, ou plutôt il fut assez maître de lui pour sembler la reprendre. Nathalie lui communiqua sa correspondance avec Thérèse nous en citerons quelques passages

Après avoir dépeint son fiancé à sa manière, elle ajoutait ces mots

« Voilà comme je me représente l’homme qui m’offre aujourd’hui sa main. Quant au jugement qu’il porte de lui-même, tu le verras un jour par les feuilles dans lesquelles il se caractérise