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540 LRS ANNHES D’APPRENTISSAGE

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je voutats vous exposer en détail pendant l’absence de notre jeune ami, qui est devenu votre fiancé par le plus étrange enchaînement de circonstances.

« Voici les papiers qui prouvent, de la manière la plus rigoureuse, ce que j’ai affirmé. Ils vous apprendront aussi comment j’étais depuis longtemps sur la trace de cette découverte, et ne pouvais cependant arriver avant ce jour à la certitude. Je n’osais pas découvrir à mon ami cette chance de bonheur, car sa douleur eût été trop vive, si cette espérance s’était une seconde fois évanouie. Vous comprendrez les soupçons de Lydie j’avoue en effet que je n’approuvais nullement la faiblesse de notre ami pour cette pauvre fille, depuis que je prévoyais de nouveau son union avec Thérèse.

Personne ne répliqua rien a ce récit. Au bout de quelques jours, les dames rendirent les papiers, sans plus en faire mention.

On avait assez de moyens d’occuper la société quand elle était réunie ; la contrée offrait tant de charmes, qu’on se plaisait à la parcourir, seul ou en compagnie, à cheval, en voiture, ou à pied. Jarno saisit une de ces occasions pour faire a Wil’ helm sa commission il lui communiqua les papiers, sans paraître lui demander de prendre aucune résolution.

« Dans l’étrange situation où je me trouve, répondit Wilhelm, il me suffit de vous répéter ce que j’ai déclaré d’abord en présence de Nathalie, et certes de bon cœur Lothaire et ses amis peuvent me demander toute espèce de sacrifices ; je dépose dans vos mains tous mes droits à Thérèse ; procurez-moi, en échange, mon congé formel. 0 mon ami, je n’ai pas besoin de longues réflexions pour me décider. J’ai déjà observé que, depuis quelques jours, Thérèse a besoin d’efforts pour conserver un semblant de la vive tendresse qu’elle m’avait laissée paraître à son arrivée. J’ai perdu son amour ou plutôt je ne l’ai jamais possédé.

Des situations comme celle-ci, dit Jarno, s’éclaircissent mieux par degrés, avec l’attente et le silence, que par de longues explications, qui provoquent toujours une sorte d’embarras et d’irritation.

II me semble au contraire, dit Wilhelm, que cette difficulté