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DE WILHELM MEISTER. 575

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Le comte regarda Wilhelm en souriant et allait répliquer, quand le reste de la société s’avança et lui lit le plus aimable accueil. On s’excusa de ne pouvoir lui offrir sur-le-champ un appartement convenable, et l’on promit d’y pourvoir incessamment.

Hé ! hé ! répondit-il en souriant, je vois bien qu’on a laissé au hasard le soin de distribuer les logements. Avec de l’ordre et de la prévoyance, que de choses ne peut-on faire ! A présent, je vous en prie, ne déplacez pas pour moi une pantoufle ; autrement, je le vois bien, cela causera un grand désordre ; chacun sera mal logé, et je ne veux pas que personne le soit une heure à cause de moi. Vous avez vu de vos yeux, poursuivit-il, vous, Jarno, et vous aussi, Meister, combien de monde je sus loger commodément dans mon château. Qu’on me donne la liste des hôtes et des domestiques ; qu’on me fasse voir comment chacun est installé maintenant : je ferai un plan de dislocation, tel qu’avec fort peu de peine, chacun trouvera un logement spacieux, et qu’il restera de la place pour les hôtes qui pourront encore nous arriver. »

Jarno se fit aussitôt l’aide-major du comte, lui procura tous les renseignements nécessaires, et se divertit beaucoup, à sa manière, en donnant quelquefois au vieux seigneur de fausses directions. La distribution était achevée ; le comte fit inscrire en sa présence les noms sur toutes les portes, et l’on dut reconnaître qu’avec peu de changements et d’embarras, le but se trouvait atteint parfaitement. Jarno avait d’ailleurs tout dirigé de sorte que les personnes qui se trouvaient alors bien ensemble eussent le même logement.

Quand tous ces arrangements furent terminés, le comte dit à Jarno

« Aidez-moi à me rappeler ce jeune homme que vous nommez Meister, et qui se dit Allemand. »

Jarno garda le silence, car il savait bien que le comte était de ces gens qui ne font des questions que pour instruire les autres. Le comte poursuivit en effet, sans attendre la réponse « Vous me l’avez présenté a cette époque et recommandé vivement au nom du prince. Sa mère était peut-être Allemande, mais je réponds que son père est Anglais et homme de qualité.