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LIVRE DEUXIÈME.

CHAPITRE I.

Wilhelm et son fils avaient suivi la route que l’antiquaire leur avait indiquée, et ils trouvèrent heureusement les limites de la province dans laquelle ils devaient voir tant de choses remarquables. Dès l’entrée, ils admirèrent un pays fertile, où l’agriculture florissait sur de douces collines, tandis que les moutons paissaient sur les hautes montagnes et le gros bétail dans les vastes plaines des vallées. On approchait de la moisson, et tout offrait l’image de l’abondance. Mais ce qui surprit le plus les voyageurs fut qu’ils ne voyaient à l’ouvrage ni des hommes faits ni des femmes, et seulement des petits garçons et des jeunes gens, occupés des préparatifs d’une heureuse moisson, et aussi des joyeux apprêts de la féte consacrée à cette récolte. Les voyageurs en saluèrent un, puis un autre, et leur demandèrent le chef, mais les enfants ne purent leur indiquer sa demeure. L’adresse de la lettre ne portait que ces mots : Au Chef ou aux Trois. les enfants ne surent pas mieux l’expliquer, et ils adressèrent les étrangers à un inspecteur, qui allait monter à cheval. Wilhelm lui fit connaître son désir ; Félix, avec son air de franchise, parut faire sur l’inspecteur une impression agréable ; les trois cavaliers cheminèrent ensemble.

Wilhelm avait déjà observé qu’il régnait dans la couleur et la coupe des habits une variété, qui donnait à toute la pefite population un singulier aspect ; il était sur le point de demander là-dessus des éclaircissements à son guide, quand un spec-