Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Le lendemain matin, le palefrenier vint à l’heure précise. Tout ce qui appartenait à la toilette du maître était sur les chaires dans l’ordre accoutumé, et le major allait sortir du lit, quand le nouveau valet de chambre survint, et protesta vivement contre une pareille précipitation. Il fallait du repos, il fallait des ménagements, pour que l’entreprise réussît, et que tant de soins et de peine fussent récompensés. Le major fut avisé qu’il se lèverait plus tard, qu’il ferait un petit déjeuner, qu’il devrait ensuite prendre un bain, déjà préparé. Il ne fallut pas s’écarter de ces prescriptions ; elles durent être observées, ’et, dans ces occupations, quelques heures passèrent.

Le major abrégeait le temps du repos après le bain ; il voulait s’habiller à la hâte ; car il était, de sa nature, expéditif ; d’ailleurs il désirait voir bientôt Hilarie ; mais le valet de chambre l’arrêta encore, et lui fit comprendie qu’il devait perdre absolument ces habitudes impatientes. Tout ce qu’on faisait, il fallait l’exécuter lentement et commodément, et surtout considérer le temps de la toilette comme une heure d’agréable récréation.

Les actions du valet de chambre étaient parfaitement d’accord avec ses paroles. Mais aussi le major se trouva réellement mieux habillé que jamais, lorsqu’il se regarda au miroir, et qu’il se vit si bien ajusté. Sans trop le consulter, le valet de chambre avait même donné à l’uniforme une façon plus moderne, enpassant la nuit à produire cette métamorphose. Une restauration si prompte mit le major de très-bonne humeur, en sorte qu’il se sentait une nouvelle vie, au dedans comme au dehors, et brûlait d’impatience de rejoindre sa sœur et sa nièce.

Il trouva la baronne devant leur arbre généalogique, qu’elle avait fait suspendre à la cloison, parce que, le soir précédent, ils avaient parlé de quelques parents collatéraux, les uns célibataires, les autres établis dans des pays éloignés, d’autres même disparus, qui donnaient au frère et à la sœur, ou à leurs enfants, l’espérance de riches héritages. Us s’entretinrent quelque temps sur ce sujet, sans rappeler que, jusqu’à ce jour, tous leurs soucis de famille, toutes leurs préoccupations n’avaient eu que leurs enfants pour objet. L’inclination d’IIilarie avait