Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/314

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tes ; chacun voulait avoir des nouvelles de la guerre, heureusement très-éloignée, et qui, même de plus près, était peu dangereuse pour ces contrées. Néanmoins ils se réjouirent, dans l’espérance de la paix, tout alarmés qu’ils étaient par la menace d’un autre danger. On ne pouvait se dissimuler que les machines ne fussent toujours plus nombreuses dans le pays, et que les mains laborieuses ne fussent menacées d’être peu à peu réduites à l’inaction. Cependant il se présentait toute sorte de consolations et d’espérances.

Dans l’entrefaite, ils consultèrent notre homme sur mainte affaire. Il savait se montrer leur ami et même leur médecin. Il portait toujours sur lui des élixirs, des sels et des baumes.

En visitant les diverses maisons, je trouvai l’occasion de me livrer à mon ancien goût et de m’instruire dans l’art du fileur. J’observai avec attention les enfants, soigneusement et assidûment occupés à éplucher le coton en laine, à enlever les graines, les débris des enveloppes, ainsi que d’autres impuretés. Ils appellent cela trier. Je demandai si les enfants étaient seuls occupés à ce travail, mais j’appris que, dans les soirées d’hiver, les hommes et les femmes s’y livraient aussi.

Les difigentes fileuses attirèrent ensuite mon attention. Voici comment la matière se prépare. On étale sur les cardes le coton trié ou nettoyé ; on le carde ; opération qui enlève la poussière, et donne aux fils du coton une direction pareille ; puis il est enlevé, mis en rouleaux, et disposé sur la roue pour être filé.

On me fit remarquer la différence entre le fil que l’on tourne à gauche et celui que l’on tourne à droite : le premier est ordinairement plus fin, et on l’obtient en croisant autour de la poulie la corde qui fait mouvoir la broche, comme l’indique la figure ci-jointe. ( Nous avons le regret de ne pouvoir la donner ici, non plus que les autres.)

La fileuse est assise sur un siége peu élevé, devant le rouet, que plusieurs assujettissent en croisant les pieds dessus : d’autres le fixent du pied droit seulement, et rejettent le gauche en arrière. Elle tourne le rouet de la main droite, allongeant le bras autant qu’elle peut, ce qui produit de beaux mouvements, et, par une pose élégante du corps, dessine très-avantageusement une taille svelte et des bras arrondis. La position des fileuses qui ne tien-