Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/317

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rencontrer partout exactement. Les sentiers étaient bons et clairs, disait-il, surtout avec un pareil flambeau. Nos adieux furent égayés par des rubans et des mouchoirs de soie, dont Saint-Christophe était suffisamment pourvu : on remit les cadeaux à la mère, pour les distribuer à sa famille.

Mardi matin, 16 septembre.

La promenade, par une nuit claire et magnifique, fut pleine de charme et d’agrément. Nous arrivâmes dans un hameau un peu plus grand, qu’on aurait pu qualifier de village. A quelque distance, sur une colline découverte, était une chapelle, et tout commençait à prendre un air plus hospitalier et plus humain. Nous passâmes le long des haies, qui n’enfermaient pas, il est vrai, des jardins, mais du moins de petites prairies, soigneusement gardées.

Nous arrivâmes dans un endroit où le tissage était plus sérieusement pratiqué à côté du filage. Notre marche de la veille, prolongée jusque dans la nuit, avait lassé l’homme robuste et ses jeunes compagnons. Le marchand monta au grenier à foin, et j’allais le suivre, quand Saint-Christophe me recommanda ses crochets et sortit de la maison. Je connaissais sa louable intention et le laissai faire.

Mais, le lendemain, nous vîmes d’abord toute la famille en émoi, et il fut sévèrement défendu aux enfants de passer la porte, parce qu’un ours ou quelque autre monstre devait se trouver dans le voisinage, car on avait entendu, pendant la nuit, des murmures et des mugissements partir de la chapelle ; tellement que les rochers et les maisons en avaient tremblé, et l’on nous conseilla d’être sur nos gardes pendant la longue traite que nous avions à faire ce jour-là. Nous fîmes tous nos efforts pour tranquilliser ces bonnes gens, mais la chose semblait plus difficile dans cette solitude.

Le marchand ma dit qu’il se hâterait de finir ses affaires, et qu’il reviendrait nous chercher. Nous avions à faire ce jour-lit une course longue et fatigante, car il ne s’agissait plus de descendre commodément la vallée, mais de gravir avec effort une montagne qui formait devant nous une barrière. Je résolus