Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/354

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neaux déjà enfoncés de la porte assiégée : mon opiniâtreté faillit m*ëtre fatale.

Quand je courus pour joindre les autres, je trouvai l’échelle enlevée, et me voyais sans espérance de salut. Me voilà donc, moi, le vrai coupable, renonçant déjà à m’en tirer, la peau saine et sauve et les os entiers. Et qui sait…. Mais laissez-moi là-bas dans cette angoisse, puisque je peux maintenant vous raconter ici, moi-même, l’aventure. Sachez seulement que cette farce audacieuse eut de fâcheuses suites.

Le vieux seigneur, profondément blessé de cette moquerie, dont il n’avait pu tirer vengeance, prit la chose à.cœur, et l’on assure que cet événement, s’il ne fut pas la cause immédiate de sa mort, n’y fut pas étranger. Son fils, cherchant à découvrir la trace des coupables, vint, par malheur, à savoir la part que le baron y avait prise, et, ayant éclairci la chose plusieurs années après, il l’appela sur le terrain, et fit à ce beau jeune homme une blessure qui le défigura pour le reste de sa vie ; et luimême, par un enchaînement fortuit de circonstances, vit, à la suite de cette affaire, une partie de sa jeunesse empoisonnée.

Tout apologue doit contenir une leçon morale ; mais vous trouvez tous, je pense, aussi claire que le jour celle qui ressort du récit que je viens de vous faire.


CHAPITRE IX.

Le jour solennel était arrivé : le moment était venu où devaient se faire les premiers pas vers une émigration générale ; on allait décider qui partirait pour le nouveau monde, et qui resterait de ce côté, et chercherait fortune dans le continent de la vieille Europe.

Des chants joyeux retentissaient dans toutes les rues du bourg,