Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/382

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donner à l’ensemble, au dedans et au dehors, un agréable aspect. Je passe sous silence maints travaux accessoires, ne m’attachant qu’à l’objet principal.

« La classification d’apprenti, de compagnon et de maître, devra être observée rigoureusement. Il pourra s’y trouver encore bien des degrés, mais les examens ne peuvent se faire trop soigneusement. Celui qui se présente sait qu’il se voue à un art positif, et il ne doit pas en attendre des exigences facultatives. Tout est perdu, dès qu’un seul anneau se rompt dans une grande chaîne. Dans les grandes entreprises, comme dans les grands périls, la légèreté est proscrite.

« C’est en cela justement que les arts positifs servent de modèles aux arts libéraux, et aspirent à les surpasser. Si nous considérons ce qu’on nomme les arts libéraux, qu’il faudrait proprement prendre et désigner dans un sens plus élevé, on trouve que c’est une chose tout à fait indifférente qu’ils soient bien ou mal cultivés. La plus mauvaise statue se tient sur ses pieds comme la meilleure ; une figure peinte marche hardiment sur ses pieds contrefaits, ses bras difformes embrassent avec vigueur ; les figures ne sont pas sur le plan convenable, mais le sol n’en est pas enfoncé. La chose est encore bien plus frappante dans la musique ; le violon criard d’un cabaret de village met en mouvement, avec la plus vive énergie, des membres vigoureux, et nous avons entendu les plus mauvaises musiques d’église, dont le vacarme édifiait le fidèle. S’il vous plaît de ranger la poésie parmi les arts libéraux, vous verrez assurément qu’elle sait à peine où elle doit trouver une limite. Et cependant tout art libéral a ses lois, mais qui peuvent être négligées sans aucun dommage pour l’humanité. Au contraire, les arts positifs ne sauraient se permettre aucune licence. On peut vanter celui qui cultive les beaux-arts, on peut prendre plaisir à ses mérites, quand même son travail, observé de près, ne soutient pas l’examen.

« Mais si nous considérons les uns et les autres dans leur perfection, nous trouverons que les uns doivent se garder de la pédanterie et des simagrées, les autres de la frivolité et du bousillage. L’homme appelé à les diriger doit porter sur ce point l’attention : c’est le moyen d’éviter les abus et les défauts.