Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/502

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Et malheureusement on était assez près de la découvrir. La tante d’Ottilie eut connaissance des promesses que les jeunes amants s’étaient faites ; elle fut informée des cadeaux que sa nièce avait reçus. Toute l’affaire lui déplaisait, et l’absence d’Ottilie l’avait seule décidée à garder le silence. Une solide union avec Ferdinand lui paraissait avantageuse, une amourette légère lui était insupportable. Aussi, lorsqu’elle apprit que le jeune homme allait revenir, comme, de son côté, elle attendait sa nièce de jour en jour, elle se hâta d’apprendre à la mère de Ferdinand ce qui s’était passé, pour savoir là-dessus la pensée des parents, si le fils pouvait espérer un prochain établissement, et si l’on approuverait qu’il épousât Ottilie*.

La mère fut bien surprise, à la nouvelle de cette liaison ; elle trembla, quand elle apprit quels présents. Ferdinand avait faits à la jeune fille. Elle cacha son étonnement ; elle pria la tante de lui laisser un peu de temps pour s’entretenir à loisir de l’affaire avec son mari ; elle assura qu’elle considérait Ottilie comme un très-bon parti, et qu’il ne serait pas impossible d’établir bientôt Ferdinand d’une manière convenable.

Quand la tante se fut retirée, la mère ne crut pas devoir confier à son mari cette découverte. Son premier souci était d’éclaircir le malheureux secret, et de savoir si, comme elle le craignait, Ferdinand avait fait les cadeaux au moyen de l’argent détourné. Elle courut chez le joaillier qui vendait principalement cette espèce de bijoux ; elle en marchanda de pareils, et finit par lui dire qu’il ne devait pas surfaire ; qu’il avait vendu moins cher à son fils, qui avait eu une commission du même genre. Le marchand assura qu’il n’avait pas vendu meilleur marché, il produisit les prix exactement, et ajouta qu’il fallait aussi tenir compte de l’agio des espèces avec lesquelles Ferdinand avait payé une partie du prix ; il lui nomma ces espèces, et, à la vive douleur de la mère, c’étaient de celles qui manquaient.

Elle se retira le cœur oppressé, après s’être fait donner, pour la forme, la note des plus justes prix. L’égarement de son fils était trop évident ; la valeur de la somme qui manquait au père était considérable, et, avec son caractère soucieux, elle voyait l’affaire sous les plus noires couleurs et prévoyait les