Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VIII.djvu/258

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de leçons et de fautes, mais les punitions seront supprimées. Dans la confusion sans bornes où doit le plonger le combat «les exigences de la nature el de la religion, un admirable expédient lui est fourni de confier ses faits et ses méfaits, ses fautes et ses doutes, à un homme respectable, spécialement chargé de cet office, qui sait le tranquilliser, l’avertir, le fortifier, lui infliger des pénitences également symboliques, le réjouir enfin par une complète absolution de sa faute, et lui remettre, pure et lavée, « la table de son humanité. » Préparé et parfaitement tranquillisé par une suite d’actes sacramentels, qui, à les considérer de près, se ramifient à leur tour en de plus petites formes sacramentelles, il s’agenouille pour recevoir l’hostie, et, afin de rehausser encore le mystère de ce grand acte, on ne lui montre le calice que de loin ; ce n’est pas une nourriture et une boisson communes qui apaisent, c’est un aliment céleste qui donne la soif du céleste breuvage.

Que cependant le jeune homme ne croie pus encore être au bout ! Que l’homme fait ne le croie-pas lui-même ! Car, dans les relations terrestres, nous finissons, il est vrai, par nous accoutumer à subsister par nous-mêmes, et toutefois les connaissances, l’esprit et le caractère n’y suffisent pas toujours, mais, dans les choses célestes, nous n’avons jamais tout appris. Le sentiment élevé qui est en nous, et qui souvent ne s’y trouve pas trop à son aise, est en outre obsédé par tant d’objets extérieurs, que nos propres facultés ont de la peine à nous procurer tout ce qui serait nécessaire pour le conseil, la consolation et l’assistance. Mais, établi à cet effet, se trouve aussi, pour toute la vie, le secours salutaire dont nous avons parlé ; un homme clairvoyant et pieux est toujours prêt à ramener ceux qui s’égarent et à soulager ceux qui souffrent. Et ce qu’on a éprouvé de la sorte pendant toute la vie, doit se montrer cent fois plus efficace aux portes de la mort. Après en avoir contracté dès l’enfance l’habitude familière, l’homme défaillant reçoit avec ferveur ces assurances symboliques, formelles, et, quand toute garantie terrestre s’évanouit, une garantie céleste lui assure pour l’éternité une existence bienheureuse ; il se sent parfaitement convaincu que ni un élément hostile ni un esprit malveillant ne pourront l’empêcher de revêtir un corps glorieux,