Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VIII.djvu/422

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Schœpflin un extérieur avantageux, une taille élancée, des yeux caressants, une parole facile : enfin toute sa personne était parfaitement agréable. La nature n’avait pas non plus dispensé d’une main avare à son favori les dons de l’intelligence, et, sans qu’il eût fait des efforts pénibles, ses succès furent la conséquence de talents naturels, paisiblement développés. Il était de ces hommes heureux qui sont enclins à réunir le passé et le présent, qui savent rattacher aux intérêts actuels les connaissances historiques. Né dans le duché de Bade, élevé à Bâle et à Strasbourg, il appartenait proprement à ce paradis qu’on nomme la vallée du Rhin, comme à une patrie vaste et bien située. Voué aux matières d’histoire et d’archéologie, il les saisissait vivement avec une heureuse imagination, et les retenait à l’aide de la plus facile mémoire. Désireux, comme il l’était, d’apprendre et d’enseigner, il poursuivit du même pas ses études et sa vie. Il se distingue, et il excelle bientôt sans interruption d’aucune sorte ; il se répand avec facilité dans le monde littéraire et dans la vie civile : car les connaissances historiques arrivent partout, et l’affabilité s’attache partout. Il voyage en Allemagne, en Hollande, en France, en Italie ; il entre en rapport avec tous les savants de son temps ; il converse avec les princes, et c’est seulement quand il prolonge par ses vives causeries les heures de la table et de l’audience qu’il est incommode aux courtisans. En revanche, il gagne la confiance des hommes d’État ; il rédige pour eux les déductions les plus solides, et trouve partout un théâtre pour ses talents. En beaucoup de lieux on désire le fixer, mais il reste fidèle à Strasbourg et à la cour de France. Là aussi, on reconnaît son inaltérable loyauté allemande ; on le protège même contre le puissant préteur Kinglin, son ennemi secret. Sociable et communicatif par nature, il se répand dans le monde comme dans la science et les affaires, et l’on aurait peine à comprendre où il trouvait tout ce temps, si l’on ne savait pas que son invariable éloignement pour les femmes lui a fait gagner bien des heures et des jours que leurs amis dissipent avec bonheur.

Au reste, comme écrivain, il appartient à la chose publique, et comme orateur à la foule. Ses programmes, ses discours et ses allocutions sont voués au jour particulier, à la solennité ac-