Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/240

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Une chaire de pierre, adossée au mur extérieurement, portée sur des consoles de pierre, n’est accessible que de l’intérieur. Le prédicateur paraît : c’est un homme dans la force de l’âge. Un jeune garçon tient un parasol ouvert sur sa tête. Le prédicateur prononce d’une voix sonore et distincte un discours trèsclair. Nous croyons en avoir suivi le sens, et nous avons répété quelquefois ce discours à nos amis. Cependant il est possible que dans ces reproductions, nous nous soyons écarté du texte primitif et que nous y ayons mêlé du nôtre. On trouvera du moins dans ce qu’on va lire un esprit doux, qui encourage au travail, si l’on n’y trouve pas toujours les paroles éloquentes et fortes que nous entendîmes ce jour-là.

« Fidèles et cliers auditeurs, vous êtes montés aujourd’hui en grand nombre sur cette colline pour célébrer une fête qui était, par la volonté de Dieu, interrompue depuis bien des années. Vous venez pour voir restaurée, décorée et consacrée, la maison de Dieu, naguère encore déshonorée et dévastée ; pour la visiter dévotement et vous acquitter avec reconnaissance des vœux que vous avez faits au saint qui est ici particulièrement honoré. Comme le devoir m’oblige à vous adresser dans cette occasion des paroles édifiantes, rien ne me paraît mieux à sa place que d’examiner avec vous comment un pareil homme, né de parents pieux, il est vrai, mais pécheurs, est parvenu à mériter la grâce de demeurer devant le trône de Dieu, et de pouvoir obtenir par son intercession en faveur de ceux qui adressent avec foi leur prière à saint Roch la délivrance de maux affreux, qui emportent des populations entières, de pouvoir les délivrer même de la mort.

« Il est devenu digne de cette grâce, nous le répétons avec confiance, de même que tous ceux que nous honorons comme saints, parce qu’il possédait la vertu la plus excellente, qui renferme en elle tous les autres biens, une soumission absolue à la volonté de Dieu. En effet, quoique nul homme mortel ne puisse se flatter de devenir égal ou seulement semblable à Dieu, une résignation absolue à sa sainte volonté est le premier et le plus sûr degré pour s’approcher de l’Être suprême.

« Voyez, pour exemple, les pères et les mères auxquels la Providence a accordé de nombreux enfants. Ils prennent de tous