Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/267

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partout, elle me*garda sa bienveillance, et, dans ces temps d’orages, je fus heureux de faire quelque bien à sa recommandation.

Le suffrage de Guillaume de Humboldt porta plus de fruits ; ses lettres attestent une claire intelligence du dessein et de l’exécution, et devaient être pour moi un encouragement véritable. Je nomme Schiller en dernier lieu : son approbation fut la plus élevée et la plus profondément sentie ; mais, comme ses lettres à ce sujet existent encore, je n’en dirai rien de plus, sinon que leur publication serait un des plus beaux présents qu’on pût faire au public.

Le théâtre était complétement remis à mes soins. Sous ma direction générale, Kirms était chargé de l’exécution ; Vulpius, qui ne manquait pas de talent pour la chose, s’en occupait avec une activité intelligente. On jouait de temps en temps les ouvrages de Lessing, mais ceux de Schrœder, d’Iffland et de Kotzeboue étaient à l’ordre du jour. Nos comédiens étaient accueillis avec joie par le public le plus varié à Lauchstaedt, à Erfourt, à Roudolstadt, animés par l’enthousiasme, portés par de bons traitements à l’estime d’eux-mêmes ; et ce fut pour notre théâtre un assez grand avantage, la source d’une activité plus vive, car on se relâche bientôt, quand on est toujours en face du même public, dont on connaît le caractère et les dispositions.

Quand je détourne les yeux de ces petites affaires, si insignifiantes auprès de celles du monde, je me rappelle d’abord ce paysan que je voyais, pendant le siége de Mayence, poursuivre son labeur à portée des boulets, derrière un gabion, qu’il poussait devant lui sur des roues. L’homme isolé, borné, ne renonce pas aux affaires qui le touchent de près, quel que soit l’état du monde.

Les préliminaires du traité de Baie firent briller pour l’Allemagne du Nord un rayon d’espérance. La Prusse fit la paix, l’Autriche continua la guerre, et nos inquiétudes se réveillèrent, car la Saxe électorale refusa d’accéder à une paix particulière. Nos hommes d’État et nos diplomates se transportèrent à Dresde, et notre prince, animant tous les autres et déployant une activité sans égale, se rendit à Dessau. On parlait de mouvements parmi les paysans suisses, surtout au bord du lac de Zurich ;