Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/271

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plume, retranchait le superflu. Je l’ai vu réduire au tiers une ode, qui en devint très-admissible et même remarquable.

Je dus beaucoup moi-même à son impulsion ; les Heures et l’Almanach en rendent assez témoignage. Alexis et Dora, laFiancée de Corintlie, le Dieu et la Bayadère1 parurent dans ces recueils. Les Xénies, qui, après un début innocent et même indifférent, devinrent peu à peu amères et incisives au plus haut point, nous occupèrent pendant bien des mois, et, quand YAlmanach parut, elles produisirent dès la même année la plus grande émotion dans la littérature allemande. Le public les condamna comme un abus extrême de la liberté de la presse. Cependant l’effet en fut immense*.

Je me délivrai vers la fin d’août d’un fardeau précieux et cher, mais qui me pesait fort : je remis à l’éditeur le dernier livre de Wilhelm Meister. Depuis six ans, je m’étais appliqué à polir cette ancienne conception, à la développer, en la livrant peu à peu à l’impression. Aussi, qu’on la considère dans l’ensemble ou dans ses parties, c’est une des productions les plus * incalculables » : moi-même je manque, peu s’en faut, de mesure pour la juger.

Cependant je ne tardai pas à m’imposer un nouveau fardeau, mais plus facile à porter, ou, pour mieux dire, ce n’était pas un fardeau, parce qu’il me fournit l’occasion d’exprimer certaines vues, certains sentiments, certaines idées de l’époque. Le plan d’Hermann et Dorothée fut conçu et développé en même temps que les événements se succédaient ; l’exécution fut commencée et achevée pendant le mois de septembre, et je pus aussitôt faire part de l’ouvrage à mes amis. J’écrivis ce poèmc avec plaisir et facilité, et il communiqua les mêmes impres-’ sions. Le sujet et l’exécution m’avaient tellement pénétré moimême, que je n’ai jamais pu lire ce poèmeà personne sans émotion, et, après tant d’années, l’effet subsiste encore.

Mon ami Meyer m’écrivait souvent d’Italie des lettres d’un grand intérêt. Pour me préparer à le suivre, je devais me livrer à diverses études dont les notes me sont encore très-uti-


1. Tome I, pages 115, 82, 85.

2. Ce que Goethe en a conservé s ? trouve entre autres toms I, pages 355 et «uivantes et passim.